À propos de cet itinéraire
La réduction des émissions de gaz à effet de serre et la limitation subséquente de l’augmentation des températures permettront d’atténuer la fréquence et l’ampleur des risques liés au climat, tels que les incendies de forêt, les sécheresses, les tempêtes et les précipitations extrêmes. Il en résultera également des avantages plus larges, tels que l’évitement des pertes et des dommages et, éventuellement, une réduction de la nécessité de s’adapter aux conséquences du changement climatique. Grâce à des approches de planification holistiques, les mesures d’atténuation peuvent également contribuer à éviter d’autres conséquences négatives, telles que les impacts économiques négatifs (par exemple, les actifs échoués) et la maladaptation. La décarbonisation présente également des synergies avec le développement durable et peut entraîner de nombreux avantages socio-économiques, tels que des emplois verts et durables (en termes d’empreinte carbone et de sécurité des revenus), une amélioration de la qualité de l’air et de la santé, la sécurité énergétique (par exemple, grâce à l’efficacité énergétique et à l’adoption d’énergies renouvelables), ainsi que la croissance, la diversification et la circularité de l’économie.
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC (“rapport de synthèse“) montre que le coût de l’inaction à moyen et long terme est probablement beaucoup plus élevé que le coût de l’action. Par conséquent, les mesures d’atténuation peuvent contribuer à minimiser les efforts d’adaptation des pays.
Pour atteindre l’objectif de température de l’Accord de Paris, les pays devront procéder à des réductions rapides, soutenues et profondes de leurs émissions dans les années à venir. Le sixième rapport d’évaluation du GIEC (“rapport de synthèse“) constate que la trajectoire des émissions mondiales alignée sur l’objectif de température de l’Accord de Paris exige que les émissions mondiales de gaz à effet de serre (tous gaz confondus) atteignent leur maximum avant 2025. Le rapport présente d’autres étapes de réduction des GES et du CO2 pour limiter le réchauffement moyen de la planète à 1,5 °C, ce qui équivaut à 43 à 48 % d’ici 2030, 60/65 % d’ici 2035 (le calendrier proposé pour les CDN 3.0), 69 à 80 % d’ici 2040 et 84 à 99 % d’ici 2050. Les émissions de méthane devraient également être réduites d’environ un tiers par rapport aux niveaux de 2019 d’ici à 2030. Les pays peuvent utiliser ces jalons pour visualiser l’avenir, puis travailler à rebours pour établir le plan d’action nécessaire à la réalisation de ces objectifs.
Accord de Paris et contexte international
L’objectif de température de l’Accord de Paris fait référence à l’objectif ambitieux de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Cet objectif est présenté comme un objectif clé de l’accord, parallèlement à l’objectif plus large de maintenir l’augmentation de la température bien en dessous de 2 degrés Celsius, conformément à l’article 2.1(a) :
“Le présent Accord, en renforçant la mise en œuvre de la Convention, y compris son objectif, vise à renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique, dans le contexte du développement durable et des efforts pour éradiquer la pauvreté, notamment en.. : (a) En maintenant l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, en reconnaissant que cela réduirait considérablement les risques et les incidences des changements climatiques”
L’article 4 précise ensuite comment y parvenir :
4.1. “Afin d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les parties visent à atteindre le pic mondial des émissions de gaz à effet de serre dès que possible, en reconnaissant que ce pic prendra plus de temps pour les pays en développement parties, et à procéder ensuite à des réductions rapides conformément aux meilleures données scientifiques disponibles, de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et l’absorption par les puits des gaz à effet de serre dans la seconde moitié du siècle, sur la base de l’équité et dans le contexte du développement durable et des efforts visant à éradiquer la pauvreté”.
4.2. “Chaque partie prépare, communique et tient à jour les contributions successives déterminées au niveau national qu’elle a l’intention d’atteindre. Les parties prennent des mesures d’atténuation au niveau national, dans le but d’atteindre les objectifs de ces contributions.”
4.3. “La contribution déterminée au niveau national successive de chaque partie représente une progression par rapport à la contribution déterminée au niveau national actuelle de la partie et reflète son ambition la plus élevée possible, compte tenu de ses responsabilités communes mais différenciées et de ses capacités respectives, à la lumière des différentes circonstances nationales”.
4.4. “Les pays développés parties devraient continuer à montrer la voie en se fixant des objectifs absolus de réduction des émissions à l’échelle de l’économie. Les pays en développement parties devraient continuer à renforcer leurs efforts d’atténuation et sont encouragés à s’orienter progressivement vers des objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie, en fonction de leur situation nationale”.
Refléter le Bilan mondial
À la suite du premier Bilan mondial, les pays sont tenus de réfléchir à ses résultats et recommandations dans leur CDN 3.0 (conformément à l’article 4.9 de l’Accord de Paris). En ce qui concerne l’atténuation, le TPS “encourage les Parties à présenter dans leurs prochaines contributions déterminées au niveau national des objectifs ambitieux de réduction des émissions à l’échelle de l’économie, couvrant tous les gaz à effet de serre, tous les secteurs et toutes les catégories et alignés sur la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C, sur la base des données scientifiques les plus récentes, compte tenu des différentes situations nationales” et “encourage les Parties à communiquer en 2025 leurs contributions déterminées au niveau national avec une date butoir fixée à 2035“. Cependant, le TPS réaffirme en outre “le caractère déterminé au niveau national des contributions déterminées au niveau national et l’article 4, paragraphe 4, de l’Accord de Paris”. Les CDN 3.0 devraient donc représenter une progression par rapport à la dernière CDN et refléter l’ambition la plus élevée possible (comme stipulé par l’Accord de Paris et réitéré dans le TPS), mais d’une manière appropriée au niveau national.
Le TPS “encourage également les Parties à aligner leurs prochaines contributions déterminées au niveau national sur les stratégies de développement à faible émission de gaz à effet de serre à long terme” et “appelle les Parties à contribuer aux efforts mondiaux suivants, d’une manière déterminée au niveau national, en tenant compte de l’Accord de Paris et de leurs différentes circonstances, voies et approches nationales” :
- Tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ ici à 2030 ;
- Accélérer les efforts en vue de l’élimination progressive de l’électricité produite à partir de charbon non traité ;
- Accélérer les efforts au niveau mondial pour parvenir à des systèmes énergétiques à émissions nettes nulles, utilisant des combustibles sans carbone ou à faible teneur en carbone, bien avant ou vers le milieu du siècle ;
- Renoncer aux combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre l’objectif zéro d’ici 2050, conformément aux données scientifiques ;
- Accélérer les technologies à émissions nulles ou faibles, y compris, entre autres, les énergies renouvelables, le nucléaire, les technologies de réduction et d’élimination telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, en particulier dans les secteurs difficiles à abattre, et la production d’hydrogène à faible teneur en carbone ;
- Accélérer et réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone au niveau mondial, notamment les émissions de méthane, d’ici à 2030 ;
- Accélérer la réduction des émissions provenant des transports routiers sur une série de voies, y compris par le développement d’infrastructures et le déploiement rapide de véhicules à émissions nulles ou faibles ;
- Supprimer progressivement et dès que possible les subventions inefficaces aux combustibles fossiles qui ne permettent pas de lutter contre la pauvreté énergétique ou d’assurer des transitions équitables”.
Outre ces recommandations liées à l’énergie, le premier TPS met également en évidence les résultats suivants, non liés à l’énergie, en matière d’atténuation :
- “Souligne en outre qu’il importe de conserver, de protéger et de restaurer la nature et les écosystèmes pour atteindre l’objectif de température de l’Accord de Paris, notamment en redoublant d’efforts pour mettre fin et inverser la déforestation et la dégradation des forêts d’ici à 2030, ainsi que d’autres écosystèmes terrestres et marins jouant le rôle de puits et de réservoirs de gaz à effet de serre, et en conservant la biodiversité, tout en assurant des garanties sociales et environnementales, conformément au Cadre mondial pour la diversité biologique de Paris-Montréal.”
- “Invite les parties à préserver et restaurer les océans et les écosystèmes côtiers et à intensifier, le cas échéant, les mesures d’atténuation fondées sur les océans.
Questions directrices
Utilisez les questions directrices suivantes pour réfléchir et identifier les opportunités les plus appropriées et les plus significatives au niveau national dans le cadre de cet itinéraire, afin de les explorer plus en profondeur :
L’objectif d’atténuation de la dernière CDN incluait-il tous les secteurs, catégories et gaz ? Si ce n’est pas le cas, envisagez-vous d’élargir la couverture ?
Le dernier objectif de la CDN prenait-il en compte des objectifs à plus long terme (par exemple, l’objectif de la stratégie à long terme pour l’environnement et le développement durable, les objectifs de réduction nette à zéro) ? S’il n’existait pas de stratégie à long terme pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre au moment de la création de la CDN précédente, en existe-t-il une aujourd’hui et, dans l’affirmative, a-t-elle des objectifs à plus long terme sur lesquels la CDN 3.0 peut être alignée ?
L’ambition d’atténuation de la dernière CDN a-t-elle été évaluée pour s’aligner sur une trajectoire d’émissions compatible avec une température de 1,5oC?
Les réductions d’émissions attendues des actions de la CDN ont-elles été quantifiées dans la dernière CDN (c’est-à-dire par la modélisation des projections d’émissions futures) ?
Existe-t-il des objectifs au niveau infranational ou sectoriel qui devraient être pris en compte dans l’objectif de la CDN ?
Les émissions augmentent-elles dans certains secteurs en particulier ?
L’adaptation est-elle une priorité en plus de l’atténuation ?
La dernière CDN a-t-elle pris en compte l’effet de levier des impacts et des co-bénéfices des solutions basées sur la nature pour l’atténuation/adaptation du changement climatique ?
Opportunités
Le Navigateur CDN 3.0 présente huit exemples d’opportunités que les pays peuvent poursuivre pour renforcer l’ambition de la CDN en s’alignant sur l’objectif de température de l’Accord de Paris.
Liens avec d’autres itinéraires
La réalisation de l’objectif de température de l’Accord de Paris est inextricablement liée à toutes les autres Routes du Navigateur CDN 3.0, en particulier pour une mise en œuvre réussie. Certains des liens essentiels avec d’autres itinéraires du Navigateur CDN 3.0 sont :
Itinéraire : Alignement sur l’Objectif mondia d’adaptation de l’Accord de Paris
La réduction de l’augmentation des températures permet de limiter ou de prévenir les effets du climat. Les mesures d’atténuation peuvent également avoir des effets bénéfiques sur l’adaptation, et vice versa.
Route : Transition juste et équitable
La réalisation de l’objectif en matière de température nécessite des transformations économiques importantes. Comme indiqué dans le TPS, ces transformations et transitions doivent être justes et équitables, afin que personne ne soit laissé pour compte.
L’itinéraire : Mobilisation de l’ensemble du gouvernement et de la société
Les réductions d’émissions à l’échelle de l’économie nécessitent une action dans tous les secteurs, par tous les acteurs et dans l’ensemble de la société. Cette action peut être renforcée lorsqu’elle est intégrée dans les plans de développement nationaux, les plans sectoriels, les plans non étatiques et infranationaux, et qu’elle intègre toutes les voix.
Itinéraire : Technologie et renforcement des capacités en tant que besoins et catalyseurs
Dans de nombreux secteurs, des mesures d’atténuation ambitieuses nécessitent des financements et des technologies nouvelles et innovantes, ce qui peut impliquer un transfert de technologie vers les pays en développement. De nombreux pays en développement peuvent avoir besoin de renforcer leurs capacités pour soutenir l’élaboration et la mise en œuvre de mesures d’atténuation ambitieuses.
Itinéraire : Documents techniquement solides et transparents
Les CDN fournissent des informations sur la manière dont elles contribuent à l’objectif de température de l’Accord de Paris. Elles doivent donc être transparentes et s’appuyer sur des données et des preuves scientifiques solides.
Itinéraire : Déblocage des financements
De nombreux bailleurs de fonds accordent la priorité aux avantages liés à la réduction des émissions lorsqu’ils font des choix de financement/d’investissement, et le financement climatique peut être débloqué avec plus de succès lorsqu’il contribue clairement à la réalisation des objectifs climatiques.